Aujourd’hui, on vous fait l’analyse du nouvel album d’un des pionniers de la dubstep actuelle, Borgore intitulé « Chiaroscuro ». Il fait partie des plus populaires, mais aussi des plus controversés de la musique électronique. Il vient de sortir son excellent quatrième album, le 29 mars dernier.
Voyage dans le temps
Si vous avez écouté de la dubstep dans les années 2010 vous connaissez forcément le DJ et producteur Borgore, ou du moins, vous l’avez déjà forcément entendu. Et bien sachez qu’il n’a jamais cessé d’évoluer, de créer jusqu’à ce moment où il nous livre, selon nous, un excellent quatrième album. Pour ceux qui ne connaissent pas, on vous fait un bref historique.
Borgore, de son vrai nom Asaf Borger, émerge à la fin des années 2010 avec une idée en tête, casser les codes et changer la dubstep actuelle dominée par les pionniers du genre de l’époque tels que Skream, Benga, Mala, Coki etc. Il sort un premier EP intitulé « Gorestep » qui découlera sur ce style du même nom alors propre à l’artiste et unique à l’époque. C’est là qu’il divise et crée un pont entre deux générations. Mais c’est aussi là qu’il s’affirme avec la sortie en 2010 de ses deux mythiques EP « Borgore Ruined Dubstep » (littéralement « Borgore a détruit la dubstep »).
Il s’impose alors avec son style alliant des basses sombres, violentes avec l’ajout de sa voix sur pas mal de ses chansons les rendant originales et uniques en leurs genres. Tout en inspirant toute une génération de producteurs avec son style. Depuis, beaucoup d’années sont passées et ce qu’il faut retenir, c’est qu’il est un musicien avant tout, depuis 2012, il s’expérimentera à beaucoup de styles, de choses, tout en gardant toujours en fond son style qui a fait et fait toujours sa force. C’est également le fondateur du label Buygore qui met en avant depuis des années beaucoup de jeunes artistes émergents de la scène électronique.
2024, Chiaroscuro
Après quelques recherches, on a découvert que « Chiaroscuro » signifiait simplement « clair-obscur » ce qui correspond, selon nous parfaitement à l’univers de Borgore, mais aussi de cet album. C’est pour nous un condensé de tout ce qu’il a pu faire, mêlant tout ce qu’il fait de mieux. Alliant les différents côtés et sous-genres de la dubstep, tels que brostep, tearout, riddim, mais aussi les nombreuses influences hip-hop, EDM, reggae. Et même parfois dans des styles électroniques expérimentaux. Et c’est ça qui fait la richesse de cet album. En plus d’enfin lever le voile sur certains morceaux jamais sortis depuis des années, cet album est au final un vent de fraîcheur avec une bonne dose de nostalgie oscillant allègrement entre anciennes et nouvelles écoles.
Côté production
Du côté de la production et du style de l’album, l’artiste est dans ce qui fait le mieux, du Borgore. Certes, certains diront que ce n’est pas parfait, mais cela transporte et cela envoie toutes sortes d’émotions, entre mélodies, chants et basses puissantes. Et c’est le principal au final. Les trois premiers morceaux (outre l’intro » de l’album « Eulogies », « Pain » et « Paranoia » en sont la preuve. Son style s’est perfectionné et affiné au fil du temps, des sorties, de l’évolution du genre et ses sous-genres, pour devenir ce qu’il est aujourd’hui et ces morceaux le représentent parfaitement. Avec une préférence pour le morceau « Pain » qui fait est à la fois puissant, mélodieux, coloré, mais s’assombrit par moments avec la fin jouée au piano.
Côté collaborations
Il y en a quelques-unes de choix sur l’album. À commencer par l’énorme collaboration intitulée « Burn Up » avec Careless Castle et le chanteur Jamaïcain Capleton, rien que ça ! Un titre aux lyrics reggae survitaminés exécutés à la perfection avec rythme dubstep oldschool intense et dansant. Cela fait directement penser au mémorable titre de l’artiste de 2016 intitulé « Blast Ya » avec la légende du reggae Barrington Levy. Ensuite, il y a le titre « Abracadabra » déjà sorti fin 2023, avec les chanteuses cupcakKe et Chase Icon. « Mucho Cash » en collaboration avec le DJ et producteur Argentin Artix! qui est plus expérimental, avec des lyrics certes basiques et peu relevé, mais au final surprenant par ses drops surpuissants entre tearout et dubstep.
Dans un autre style, le morceau « Dissociated » avec la chanteuse Tima Dee qui, comme toutes leurs collaborations, donne place à une alliance de chant, d’émotions et d’intensité au niveau des drops, c’est une recette qui fonctionne très bien tout comme leurs précédents titres ensemble, à savoir « Sad B*tch », sorti en 2020 ou « Way Up », en 2022. Il reste deux collaborations sur l’album, la première avec Whales, intitulé « Juicy » qui rappelle vraiment les sonorités des débuts de Borgore, ainsi que « Torture » avec Cromatik dans un style totalement riddim tearout explosif.
En plus ?
On notera également la qualité des intros, outros ou interlude de l’album qui certes, restent parfois expérimentaux, mais viennent faire le pont d’une manière intéressante entre les différents titres de l’album. On pense directement à l’intro « Hey Kids » qui met directement dans le bain ou à « Music Is Fun » qui au-delà de la première impression qui donne un ressenti répétitif avec la voix automatisée, s’avère être un véritable défouloir surpuissant préparant le terrain pour le titre d’après.
Verdict ?
Pour nous, c’est un grand oui. On accroche ou pas, certes. Mais c’est pourquoi nous pensons toujours qu’à l’heure actuelle, Borgore va toujours autant diviser en matière de goût car il est et sera toujours considéré à contre-courant. Mais en tout cas, cet album est, selon nous, une belle réussite. Que ce soit pour les anciens fans qui cherchent un peu de nostalgie ou pour les nouveaux amateurs du genre. On vous laisse sans plus attendre découvrir l’album disponible sur toutes les plateformes d’écoutes.
Crédits d’image: Borgore, Buygore.