Ça y est : après des années à entretenir le flou, Pendulum acte son retour en sortant un nouvel EP. De quoi espérer, enfin, une nouvelle ère pour le mythique groupe de drum & bass ?
Le sang des fans de Pendulum n’a sans doute fait qu’un tour le mois dernier, lorsque l’annonce d’un nouvel EP composé de 4 titres a été dévoilée. N’ayons pas peur des mots : dans la scène électronique et drum & bass, c’est un véritable évènement.
Pendulum, l’un des groupes les plus influents des 20 dernières années
Pour mesurer l’ampleur de ce retour, il faut faire un bond en arrière et se rendre compte du phénomène mondial qu’a été Pendulum.
Revenons, donc, en 2002. L’année où trois Australiens, Rob Swire, Gareth Mc Grillen et Paul “El Hornet” Harding décident de lancer le projet Pendulum. Dès les premières sorties, quelque chose de particulier se dégage, une signature drum & bass influencée par des sonorités rock – héritée du passé métal de Swire et McGrillen.
Si le premier morceau “Vault”, sorti en 2003, est depuis devenu légendaire, “Another Planet”, “Out There” et surtout l’intemporel “Slam” annoncent définitivement l’arrivée d’un groupe qui prendra d’assaut la scène drum & bass et la fera changer de dimension.
Le premier album, du nom de ”Hold Your Colour”, sort en 2005. Le succès est directement au rendez-vous. Surtout en Angleterre où il est encore classé parmi les albums drum & bass les plus vendus de l’histoire. On y retrouve des sons iconiques qui feront la légende du groupe, et qui sont encore joués en rave à l’heure actuelle. Citons “Blood Sugar”, “Hold Your Colour” ou “Tarantula”.
Pendulum se targue également d’une identité musicale ultra-originale. Avec le banger breakbeat/big beat “Fasten Your Seatbelts” ou des morceaux plus axésliquid/jungle (“Sounds Of Life”, “Plasticworld” ou “Streamline”).
Trois ans plus tard, Pendulum sort son deuxième album, intitulé “In Silico”. Le groupe reste fidèle à sa patte drum & bass, avec les explosifs “Granite”, “Propane Nightmares” et “Showdown” ; mais impressionne sur des morceaux plus rock, tels que “Different” et l’incroyable “The Tempest” – sans doute l’un des sons les plus aboutis du groupe encore à l’heure actuelle, selon nous.
Le phénomène Pendulum
La popularité du groupe ne fait que grandir, fort de deux albums acclamés par la critique et une influence toujours plus importante dans le milieu de la drum & bass.
Le meilleur moyen pour se rendre compte de la folie qu’était Pendulum à l’époque ? Leur incroyable concert au Glastonbury 2009. Tout y est absolument parfait : la voix de Rob Swire et ses accords à la guitare MIDI, l’énergie du MC Ben “The Verse” Mount, la virtuosité du batteur Paul Kodish (ex-Bad Company et groupe live de DJ Fresh)…
La setlist est elle aussi soignée. Les tubes du groupe sont entrecoupés de covers du légendaire “Master Of Puppets” de Metallica et d’”I’m Not Alone” de Calvin Harris. Le public est quant à lui déchaîné et totalement acquis à la cause de Pendulum. Ce qui donne une prestation à jamais gravée dans l’histoire du festival.
“Immersion”, la séparation, et Knife Party
En 2010, sort “Immersion”, le troisième opus du projet Pendulum. Un album ultra-cohérent, impactant, avec des tubes qui auront marqué toute une génération : “Watercolour” – bien sûr -, “Witchcraft”, “The Island” ou encore “Crush”.
Le groupe propose une fois encore de nouvelles choses. Collaborant avec le producteur de The Prodigy, Liam Howlett, sur “Immunize”, le groupe de Metalcore In Flames sur “Self Vs Self” ou leur propre MC, Ben Mount, sur le si sous-côté “The Vulture”.
Si “Immersion” est un énorme succès commercial, plusieurs critiques de fans sont émises à son égard. Certains reprochent à Pendulum son passage vers des morceaux plus orientés dubstep ou même commerciaux, faisant perdre de la consistance à l’identité musicale du groupe.
Serait-ce le passage vers la modernité qui a “tué” Pendulum ? Le départ de Paul Kodish et l’arrivée de KJ Sawka à la batterie ? Ou une perte d’envie de la part de leur leader, Rob Swire ? Sans doute, surtout la dernière option, tant ce dernier avouera dans une interview accordée en 2020 à Billboard qu’il avait une relation d’amour-haine avec la drum & bass.
Après une tournée notamment marquée par un concert extrêmement décevant au Glastonbury et un passage mémorable au Dour Festival, Rob Swire annonce en juin 2012 la séparation du groupe.
Il n’y aura plus de concerts de Pendulum. Il n’y a pas de projet de nouvel album pour 2013.
Rob Swire via Twitter
« Si je n’étais pas dans ce groupe, je ne pense pas que j’aurais aimé«
Rob Swire sur le live au Glastonbury 2011, dans “Pendulum – The New Era Documentary”
Swire, qui expliquera plus tard qu’il avait “perdu foi” en le projet Pendulum, annonce dans la foulée qu’il poursuivra le projet EDM Knife Party avec Gareth McGrillen.
Dans le même temps, MC Verse et El Hornet continueront à promouvoir le projet sous forme de DJ sets. De son côté, KJ Sawka deviendra le batteur du mythique projet Destroid, avec Excision et Downlink.
Des retours hésitants
Ainsi, Pendulum laissera pendant plusieurs années les fans désemparés, ne leur offrant que des DJ sets oscillant entre le bon (Les TransArdentes 2013, Rampage 2018 et 2022), le moyen (Dour 2019), voire le totalement anecdotique (Laundry Day 2015).
En 2016, pourtant, Pendulum avait créé la sensation en annonçant un set live, suivant une prestation de Knife Party à l’Ultra Music Festival de Miami.
Une prestation qui, comme l’a expliqué Rob Swire récemment, était venue de l’impulsion du manager de l’Ultra, qui voulait à tout prix – littéralement – revoir Pendulum revenir sur scène.
L’espoir d’un retour total, motivé par les rumeurs incessantes d’un nouvel EP ou album, est donc vivant. Les fans devront attendre : “The Reworks”, en 2018, n’est, comme son nom l’indique, qu’un (plutôt bon) album de remixes.
Ce qui a pu être assez frustrant avec Pendulum récemment, c’est le côté sporadique et ponctuel de leurs remontées vers la surface.
Même lors de la sortie de leur EP “Elemental”, en 2021 – qui était tout de même leur première production depuis plus de 10 ans – l’impression que le cœur de Swire et sa bande n’y était toujours pas prédominait. Et cela, malgré le lancement de leur tournée Trinity – dont le Covid nous avait privé à la Rampage -, mis en exergue par leur désormais célèbre set au Spitbank Fort.
“Anima”, le nouvel EP de Pendulum est enfin là !
En tant que très grands fans du groupe, nous étions encore un peu dubitatifs lors de l’annonce de la sortie de ”Anima”. Pour être honnêtes, nous n’avions pas vraiment d’attentes. Sans doute que cela a été motivé par ces longues années d’attente, et leur prestation assez décevante lors du Pukkelpop 2022.
Mais, visiblement, nous avions tort ! “Anima” est surprenant de qualité. L’EP est composé de quatres tracks à leur univers propre. Il ne perd pas de temps en nous plongeant dans “Halo”, une collaboration avec Matt Tuck, le guitariste du groupe de metalcore Bullet For My Valentine. Une track agressive, marquée par les screams perçants de Tuck et un esprit définitivement métal qui nous plait énormément.
“Mercy Killing”, avec le rappeur de trap métal Scarlxrd, est tout bonnement jouissif. Débutant avec une partie acoustique de Rob Swire, le morceau se révèle totalement explosif, aux sonorités métalliques, montées énergisantes et refrains impactants. La partie rap de Scarlxrd ajoute une superbe touche d’intensité.
“Silent Spinner” est lui aussi très bon. Très abyssal, aux sonorités darksynth nous rappelant celles d’un artiste comme Perturbator. Mention spéciale à la partie finale, où la distorsion nous aura laissé bouche bée. Un morceau unique dans la discographie de Pendulum. On comprend aisément Swire lorsqu’il déclare que c’est l’une des tracks “les plus sombres” que le groupe n’ait jamais produite.
Si “Colourfast” – que le groupe jouait depuis un petit temps en live – est du Pendulum pur jus, c’est paradoxalement le seul son un peu anecdotique de cet EP. Pour le reste, c’est du très lourd.
Tout en gardant sa patte si reconnaissable, on sent enfin que Pendulum se renouvelle, a trouvé de l’inspiration pour lancer un nouveau projet consistant et frais.
De quoi donc espérer une “nouvelle ère”, comme l’annonce leur mini-documentaire publié il y a quelques mois ? Si le projet prend définitivement cette tournure et nous gratifie de telles productions, on signe des deux mains ! Retrouvez Anima sur toutes les plateformes d’écoutes.
Crédits d’image: Pendulum, Pendulum Facebook.