Le 28 avril dernier se tenait à Bruxelles la deuxième édition de la Bassphase. Une jeune organisation ambitieuse et passionnée de musique électronique. La programmation était soignée aux petits oignons, idéale pour une introduction à un genre émergent : la wave. 7kulturs s’y est rendu et vous dévoile son compte-rendu de l’événement.
Nous arrivons sur place très tôt à la JH Alleman d’Auderghem. Ainsi, nous pouvons nous imprégner de l’ambiance et rencontrer plusieurs membres de l’organisation. Très vite, nous sommes amenés à parler musique avec plusieurs producteurs ou afficionados du genre venus spécialement pour l’occasion L’ambiance est bienveillante, bon enfant, enrichissante. Nous apprenons à nous familiariser avec ce fameux courant musical, encore fortement inconnu dans nos contrées : la wave.
Mais au fait, c’est quoi, la wave ?
Un petit cours d’introduction s’impose. La wave est un mouvement musical et artistique né dans les années 2010. Fait d’influences multiples et par définition expérimental, il est difficile d’établir une année et un lieu précis de son émergence, cette dernière s’étant réalisée via les communautés en ligne.
Le terme “wave” est utilisé par l’artiste Klimeks dès 2013. Mais celui qui va grandement participer à mettre la wave en avant et la placer sur la cartographie des genres musicaux, c’est bien le Britannique Plastician. Son mix “The Wave Pool MMXV”, sorti en 2015, est considéré par beaucoup comme LE moment charnière dans l’histoire du genre.
Depuis, la wave n’a fait qu’évoluer et se diversifier. Empruntant des codes, rythmes et sonorités à la dubstep, la trap, la trance, le hardstyle ou plus récemment la phonk, la wave a notamment vu un sous-genre émerger : la hardwave, plus métallique, euphorique et explosive.
Quelques noms incontournables, afin de vous donner une idée globale : Skeler, Barnacle Boy, Kareful, Deadcrow, Sidewalks & Skeletons, Teneki,… Cela nous promettait donc une soirée haute en couleurs et en découvertes.
Bassphase : notre compte-rendu
Notre curiosité est piquée au vif, mais place d’abord à la drum & bass. Car oui, la Bassphase se veut éclectique et multi-genre dans sa direction artistique. La tâche de chauffer la salle est laissée au duo Brokenlines, le nom de scène des organisateurs de la Broken’Bass. Ces derniers ont booké Tom Finster lors de leur seconde édition et préparent un showcase inédit de Captain Bass le 2 juin prochain. Leur set, orienté neurofunk, envoie du très lourd.
Vient alors motionxbeats, le premier artiste wave de la soirée. Venu spécialement de Quimper, c’est l’occasion pour le jeune français de jouer son…premier dj set ! Nous découvrons ainsi une identité hardwave influencée par la trap et la bass music. Il n’hésite pas, à la fin de son set, à passer de la drum & bass et même quelques sons d’hardstyle. Une belle découverte, se faisant témoin de la diversité du genre.
Place ensuite au duo belgo-britannique Hystatus, grands habitués des soirées bruxelloises. Forts de releases sur Skankandbass, Delta9 ou Overview, leur drum & bass est rafraîchissante, aventureuse, et parvient à chauffer davantage un public très réceptif et pointilleux. Assurément un nom qu’on vous conseille d’aller écouter.
vowl.
Viens ensuite le headliner de la soirée : l’Australien vowl. Considéré comme l’un des plus grands noms du mouvement wave, ce n’est que la deuxième fois qu’il joue devant le public belge après son apparition à la Rampage Total Takeover au mois de mars dernier. L’on découvre alors cet aspect bien plus mélodique et émotionnel que possède la wave. vowl. joue d’ailleurs dans les premières minutes du set son tube “2000”, ce qui donne alors le ton. On se rapproche, autrement dit, de la wave pure et dure, plus lente et sensitive.
Sa performance est à la hauteur de son spectre musical : très versatile, tout en gardant une certaine cohérence. Celui qui s’est fait connaître à une époque pour des productions trap s’amuse à nous passer le déjà culte “Tears” de Skrillex, Joker et Sleepnet. vowl. parvient ainsi à attirer l’attention du public, qui ne manque pas de réagir plusieurs fois tout au long du set. La fin approche déjà, moment choisi par l’Australien pour nous offrir un enchaînement de sons à la musicalité et la résonance émotive rare, avant de terminer en drum & bass. Chapeau bas !
TRINIST
Pas le temps de respirer que vient déjà la tête d’affiche drum & bass : le prodige néerlandais TRINIST. Nouveau venu de la scène, TRINIST transmet une énergie assez folle et nous envoie banger sur banger. Sa signature sonore parle même aux fans les plus aguerris du genre et apporte ce vent de fraîcheur dont la drum & bass a bien besoin ces temps-ci. Une dinguerie, tout simplement. Petit coup de cœur pour la partie deep dubstep à la fin de son set qui nous a fait bien plaisir.
Ivoryghost
En tant que fans de bass music assez énervée, nous étions assez impatients pour le passage d’Ivoryghost. Le jeune néerlandais s’est déjà construit une belle réputation, avec des releases sur le label de RL Grime, Sable Valley, mais aussi sur DIM MAK. Très communicatif derrière les platines, Ivoryghost nous pond un set très diversifié et tonique. On prend un réel plaisir à entendre les morceaux des étoiles montantes Knock2 ou W I N K. Que dire alors lorsqu’il se décide à passer l’edit de Hex Cougar de “Ghost Voices”, le son iconique de Virtual Self a.k.a Porter Robinson. Ivoryghost nous aura offert là une véritable vitrine sur tout un nouveau pan de la scène bass music. Son avenir semble déjà tout tracé !
Juche
Dernier artiste de renom invité dans cette line-up déjà bien fournie, Juche est lui aussi considéré comme l’un des noms les plus influents de la scène wave actuelle. Celui qui a collaboré avec des mastodontes comme Skeler nous dévoile son univers très fidèle au “core” de la wave, cet esprit très cyberpunk et futuriste. Son mix est assez dynamique et authentique, son set englobant et attirant. On se surprend à entendre des touches de lo-fi ou de phonk, preuve une nouvelle fois de la richesse de la wave. Un set indispensable pour parfaire notre introduction à ce genre. On regretterait presque (évidemment) l’absence de Kareful, annoncé comme guest quelques jours auparavant, véritable pionnier de la wave et patron du très reconnu label Liquid Ritual.
Notre bilan : une grande réussite !
Il commence déjà à se faire tard, le temps d’encore aller skanker sur quelques tracks drum & bass balancées par Oak & Koa, duo de frères et organisateurs de la Bassphase. On tenait particulièrement à les remercier pour l’accueil et la soirée, qui était une réelle réussite. D’ailleurs, guettez les articles des prochaines semaines, on va vous sortir plusieurs interviews d’artistes qui ont joué à cette Bassphase !