Lors de la dernière édition de la DNB Sewers, le 30 novembre, nous avons eu le plaisir de discuter avec Parra Mier. Le talentueux DJ et producteur a partagé avec nous ses plus grandes influences, son point de vue sur la scène jump up actuelle en Belgique, et a même évoqué son passage très attendu à la Rampage Weekend en février prochain !
Interview
Comment te décrirais-tu en tant qu’artiste ? De quand datent tes débuts ?
Je suis allé à ma première soirée juste avant le début de la pandémie de Covid. J’ai découvert de nombreux artistes et je me suis dit : “C’est incroyable. Moi aussi je veux faire ça !”. Le Covid est ensuite arrivé, ce qui m’a donné le temps de me concentrer sur la production. J’ai aussi réussi à me créer une audience via les réseaux sociaux. Dès la fin du Covid, j’ai eu mon premier booking aux soirées Bleetfoef et cela m’a donné un vrai boost.
Quels artistes t’ont fait tomber amoureux de la drum & bass ?
Tout a commencé avec Captain Bass. Il a vécu dans ma ville natale, et je suis allé à l’école avec son petit frère. C’est lui qui m’a invité à une soirée où Captain Bass jouait, et j’ai eu une sorte de révélation à ce moment-là. J’ai découvert la drum & bass dans des soirées telles que Skank n Bass et Skankmania.
Quelles sont tes plus grandes influences actuelles ?
Je pense à Sota. Je lui ai déjà parlé en backstage. Je trouve qu’il garde cette sorte d’énergie – un peu comparable à la mienne – de quelqu’un qui est resté très humain et simple, alors que c’est devenu un énorme artiste. Aussi au niveau musical, je trouve qu’il est au-dessus du lot. Hedex est aussi une référence, parce qu’il a toujours compris ce qui marchait.
Que penses-tu de l’énorme popularité actuelle de la drum & bass et de la jump up ?
Le mouvement est devenu énorme, mais je pense qu’il ne faut pas perdre de vue qu’on est aussi en présence d’un phénomène de “hype”. Cette hype, elle n’a pas été créée que par Hedex, mais aussi par Chase & Status – qui ont participé à la popularisation de la jump up.
J’espère que la jump up gardera ce niveau de popularité, mais c’est un genre très “niche”. J’aime profondément la jump up, mais j’aimerais aussi m’intéresser à d’autres sous-genres à l’avenir, les produire et les jouer. Je pense que cela pourrait me faire grandir en tant qu’artiste de mêler la jump up avec la deep ou la dancefloor, par exemple. Au final, ça ne reste qu’un seul genre, un seul mouvement.
La drum & bass est vouée à rester un genre “underground”. Sa commercialisation peut être une bonne chose, mais il faut aussi rester prudent car il y a aussi le risque que les morceaux deviennent de plus en plus redondants.
Avec TikTok, certains morceaux peuvent devenir viraux en un rien de temps, mais le problème c’est qu’ils sont tous un peu les mêmes ! C’est le même phénomène avec la hard techno. En tant qu’artiste, tu n’as pas seulement l’occasion de devenir connu via tes tracks, mais aussi en investissant les réseaux sociaux. C’est la différence entre un bon producteur et quelqu’un avec une bonne communication ! Si tu n’es seulement que producteur, il te faudra de la chance pour exploser. Quand tu te dis que certains consacrent tant de temps, de sueur et de sang dans la production et qu’ils n’auront jamais la reconnaissance qu’ils méritent. Et que d’autres se contentent parfois de juste poster des vidéos…Bref : pour exploser, il faut savoir manier ces deux aspects-là.
Justement, pourquoi aimes-tu alors autant la jump up ?
C’est parce que c’est le premier sous-genre que j’ai découvert, grâce à mes amis, ce que j’ai expliqué avec Captain Bass…Disons que je me suis “spécialisé” dans ce sous-genre, et que ce serait compliqué de complètement changer maintenant.
Musicalement parlant, je dirai que c’est une question d’énergie. La jump up rend un peu fou, comme ça. C’est une vibe totalement différente que celle qu’on retrouve en deep, par exemple.
Le meilleur conseil que tu pourrais donner à un jeune producteur ?
La base, c’est d’expérimenter. Échouer et recommencer. Tu vas faire des erreurs, encore et encore, mais c’est normal. Ce ne sera jamais parfait. Dans mon cas, par exemple, c’est assez loin de toujours l’être. Le plus important, c’est donc d’expérimenter, mais aussi de partager ta musique aux gens autour de toi. C’est primordial d’avoir un retour. Cela se fera étape par étape. C’est comme ça que tu grandiras, pas autrement.
La communication est vraiment importante également, afin que ton audience te connaisse et sache que tu es quelqu’un de sympa. Comme ça, ils ne viendront pas que pour ta musique, mais aussi pour ce que tu dégages en tant que personne.
Que penses-tu du développement de la jump up en Belgique ? Musicalement parlant, mais aussi en termes d’organisations, d’artistes etc
Le mouvement ne cesse de grandir et de se développer. Le problème avec un genre si underground, c’est que beaucoup d’organisations veulent faire la même chose. La conséquence, c’est qu’alors il peut y avoir plusieurs évènements à la même date. Le public va devoir faire des choix, les soirées vont devenir de plus en plus chères, les cachets d’artistes aussi…
Je pense, par contre, que cela va donner la chance à de plus en plus de jeunes artistes de se produire. C’est aussi un conseil que je pourrais leur donner : grandir en même temps qu’un événement. Garder un bon contact avec l’organisation, comme ça ils continuent à te faire confiance, et tu as alors plus de chances de grandir en même temps qu’eux. C’est une forme d’entraide, je trouve.
Musicalement, j’aime bien le tournant qu’a pris la jump up en Belgique. Et puis, ce n’est pas à moi de juger. Mon opinion ne compte pas vraiment. Disons donc que j’apprécie cela, mais je pense que je ne pourrai pas écouter cela pendant toute une soirée. Je pense que j’aime surtout la drum & bass, sous toutes ses formes.
Quels sont les artistes que tu conseilles de surveiller, et qui risquent bien d’exploser prochainement ?
Je vais citer deux de mes meilleurs amis, et je suis d’ailleurs convaincu à 100% qu’ils vont exploser cette année : Miscall et Skamm. Miscall va franchir un nouveau palier, c’est certain. Il suffit juste qu’il poste certains sons qu’il garde pour l’instant. Et Skamm donc, qui a atteint un niveau totalement dingue ! Je vais jouer avec lui à la Rampage Weekend, au Sportpaleis – avec Cuvurs, nda – et il le mérite tellement. Son travail, sa création même au niveau des détails, c’est vraiment fou. On y jouera le samedi, pour le second set de la soirée.

Tu as déjà joué aux évènements Rampage, l’été dernier lors de l’Open Air. Est-ce ton meilleur souvenir en tant qu’artiste ?
Oui, clairement ! Nous avons joué sur la scène Tunnel avec Cuvurs et Goshiki, et c’était incroyable. J’étais vraiment très stressé, mais dès que je suis monté sur scène, il s’est passé quelque chose d’étrange : tout mon stress s’est envolé. J’ai lancé mon premier son, et à partir de là, j’ai complètement oublié le reste du set ! Je m’amusais tellement que je me suis juste laissé porter par l’instant. C’est l’un des plus beaux souvenirs de ma vie d’artiste, même si c’est un peu étrange qu’il soit aussi flou. L’intensité était telle que j’en ai presque pleuré.
Outre Rampage, il y a-t-il un autre évènement où tu as toujours rêvé de te produire ?
Je pense que j’aimerais bien me produire aux soirées DNB Collective ou Dnb Allstars, en Angleterre. D’ailleurs, j’adore ce pays et jouer là-bas – même dans des soirées plus petites – serait une consécration.
Je pense aussi au Let It Roll. J’ai d’ailleurs été programmé au warm-up de la Let It Roll Winter avec Specta, et je rêve bien sûr de jouer un jour au festival ! Je pense que ce serait une très bonne idée pour les organisateurs de soirées en Angleterre de programmer des artistes belges, au vu de l’explosion de la “Belgian jump up”.
L’artiste avec lequel tu rêves de collaborer ?
Sota, définitivement ! Je pense aussi que c’est un truc de malade de collaborer avec des producteurs d’autres genres. Par exemple, Hedex a collaboré avec Tiestö. Pour moi, c’est le niveau supérieur ! Sans déconner, je me dis que même collaborer avec un artiste comme Ed Sheraan serait intéressant (rires).
Il y a-t-il de nouvelles sorties en préparation ?
J’ai récemment sorti un très bon morceau avec un ami à moi. C’est un artiste wallon du nom de Sero. Elle a été publiée dans le calendrier de l’Avent de Bleetfoef. J’adore cette track !
Dernière question : que signifie ton nom d’artiste ?
C’est assez compliqué à expliquer (rires) ! Mon vrai nom est Miro, et mes amis m’appellent souvent Mier – ce qui veut dire “fourmi” en néerlandais. A une époque, j’étais quelqu’un d’un peu parano. Et mes amis disaient alors : “Calme-toi ! Ne sois pas si para(no), Mier !”. Du coup, cela est resté, mais j’ai écrit “Parra” avec deux r sans savoir que c’était une erreur (rires) ! C’est vraiment un nom d’artiste que j’aime bien, c’est quelque chose d’assez personnel.
Merci à Parra Mier pour son temps. Ne le manquez pas à la Rampage Weekend le samedi 22 février !
Un grand merci également à DNB Sewers. Leur prochaine soirée se déroule le 15 février prochain à Bruxelles. N’hésitez pas à les soutenir !
Crédits d’image: Rampage.