Parmi les mastodontes de la dubstep actuelle, Ganja White Night s’est construit une place forte au fil des années. Toujours très innovant, le duo belge a récemment sorti un excellent album, « Unity ». A l’occasion, nous nous sommes penchés sur son parcours.
Qui est Ganja White Night ?
Ganja White Night est un groupe de dj/producteurs montois, composé de Benjamin « Bamby » Bayeul et Charlie « Erwan » Dodson, qui prend forme vers la fin des années 2000. A l’époque, un troisième membre est présent : Francois « LebelgeElectrod » Volral. Il quitte le projet en 2012.
Le premier album, éponyme, sort en 2010. Le groupe puise ses influences dans le dub/reggae, tout en s’inspirant de ce qui se fait de mieux à l’époque : Rusko, Caspa, etc… Bref, ce qui restera leur touche si reconnaissable encore des années après : le fameux « wobble ».
Suivront ensuite trois albums : « In The Garden » (2011), « Mystic Herbalist » (2013), et « Addiction » (2014). Tous gardent la même direction, bien qu’une touche de modernité est perceptible. Notamment, l’aspect de plus en plus cosmique de certains morceaux.
C’est justement après « Addiction » que le groupe prend son véritable envol. Désormais, Ganja White Night restera de la bass music, mais qui se voudra hybride et davantage expérimentale. Cela se remarque dès l’album suivant, « Hybrid Distillery » (2015).
Ganja White Night passe un palier avec « Mr Wobble »
Un an plus tard, Ganja White Night sort « Mr Wobble ». Un moment charnière dans l’histoire du duo. Ils décident de collaborer avec Ebo, un artiste de rue belge. Ce dernier va animer les clips de plusieurs morceaux, mettant en scène Mr Wobble, un super-héros obèse.
Depuis, ce personnage n’a plus quitté leur univers. Il est devenu un support à l’aspect narratif de leurs morceaux. Le style de l’animation mais aussi son apport dans le « storytelling » est d’ailleurs comparable à ce qu’on retrouve dans le groupe Gorillaz.
Ganja White Night ne fera que confirmer ensuite, avec « The Origins » (2018), « The One » (2019) et « Dark Wobble » (2021).
Une influence considérable dans la bass music
Sur plus de 10 ans de carrière, Ganja White Night s’est construit une très solide réputation, leur permettant de figurer aujourd’hui parmi les noms dubstep les plus reconnus.
Le duo a déjà écumé les plus grandes scènes du genre, notamment dans le pays où la bass music règne encore et toujours en maître : les États-Unis. Leurs concerts live, accompagnés de leurs visuels, sont un véritable show scénique. Dernier exemple en date : leur prestation lors de leur soirée Wobble Rocks, au mythique amphithéâtre Red Rocks au Colorado.
Ganja White Night ne compte plus les collaborations prestigieuses et originales – déjà avant cet album : Caspa, Subtronics, Zeds Dead, Slander, GRiZ, Liquid Stranger, Apashe,… Une discographie impressionnante, à laquelle il faut encore ajouter plusieurs EP, singles et remixes.
Leur influence s’étend au-delà de leur musique. Le duo possède en effet son propre label, SubCarbon Records. Existant depuis… 2009, on vous laisse imaginer le nombre astronomique d’artistes émergents qu’il a permis de mettre en avant.
« Unity », le 10e album de Ganja White Night
C’est avec ce statut de mastodonte de la scène que Ganja White Night a sorti « Unity », le 28 avril dernier. Le challenge était tout de même de taille : se renouveler, réussir à surprendre l’auditeur, tout en gardant cet univers qui est cher au duo.
Autant vous dire que le résultat a dépassé nos espérances. La plupart des morceaux sont des collaborations avec des artistes renommés : Peekaboo, Boogie T, CloZee, LSDREAM,… . Ce qui donne à l’album un côté extrêmement varié, une texture reflétant l’univers de l’ensemble des artistes ayant participé. Par contre, et c’est le revers de la médaille : l’album manque peut-être un peu de cohérence, de continuité entre les morceaux.
Parmi les morceaux nous ayant le plus plu, on pense à « Redemption », en collaboration avec un autre Belge qui commence vraiment à bien monter ces derniers temps : R.O. « Kill To Feel », la collaboration avec les légendes de la PsyTrance Infected Mushroom, est sans doute la plus inattendue mais aussi la plus réussie de l’album. Mention spéciale également pour « Apocalypse Now », avec PAV4N (l’alias de Vulgatron, des Foreign Beggars). On aura apprécié le clin d’œil à l’intemporel « Changes » de Mala. Enfin, « Womp Portal », avec Subtronics, est un petit bijou de production musicale.
Un très bon album donc, innovant, frais, et dans lequel aucune track n’est à jeter. Ce qui est très rare dans un LP de 15 morceaux !
Crédits d’image: Ganja White Night, Ganja White Night Facebook.