Parmi les artistes bass music qui sortent vraiment du lot et qui osent toujours plus repousser les limites du genre, Nitepunk a très vite fait son trou et s’impose aujourd’hui comme une référence.
À l’occasion de la sortie de son premier album intitulé « Human », on s’est intéressé au parcours et au profil de ce producteur au talent hors du commun.
Qui est Nitepunk ?
Nitepunk naît et grandit en Géorgie. En 2015, afin de donner un coup de boost à sa carrière, il décide d’émigrer aux USA et New York. Un véritable défi, qui va très vite porter ses fruits.
Après deux très bons remixes pour Skrillex puis Yogi, Nitepunk se fait très rapidement remarquer en remixant le tube «Really Doe » de Danny Brown et Kendrick Lamar. Déjà à cette période-là, sa signature sonore est très reconnaissable.
Une ascension fulgurante
Après avoir surpris tout le monde sur ces remixes à l’énergie rare, Nitepunk en sort un nouveau sur le label Circus Records, pour Mark The Beast et Akylla. Plus orientée dubstep, le titre permet d’explorer de nouvelles perspectives dans le spectre musical de l’artiste. Celui-ci, depuis, n’a fait que s’élargir.
Très vite, il multiplie les releases sur de gros labels, et/ou avec des artistes reconnus. Que ce soit « Bound » sur Uplink Audio (le label d’un certain Downlink), « Golden Claws » sur Disciple Round Table. Ou sa collaboration « Deadman » avec la légende Vulgatron et Mark The Beast sur Never Say Die, le Géorgien impressionne. En 2019, déjà, le monstre bass music UKF dédie un article sur son « ascension ». Ce n’est, en réalité, que le début.
La patte Nitepunk
Sur ces dernières années, Nitepunk ne s’est évidemment pas arrêté en si bon chemin et a continué à sortir les morceaux à une très belle vitesse.
En se concentrant sur sa direction artistique, on remarque très vite un certain paradoxe entre le sombre et le pétillant. Quelque chose de surprenant et de frais. Faisant la part belle aux breaks, ses productions sont teintées d’une certaine incertitude, d’une distorsion continue, afin d’emporter l’auditeur dans un univers narratif riche. Il expliquait d’ailleurs pour UKF qu’il prenait un malin plaisir à manier « l’art de la surprise ».
« Et là, vous pensez : « Mais comment est-ce qu’il arrive à faire ça ? ». C’est ce qui m’excite, et je veux rester vrai quant à cela. »
NITEPUNK POUR UKF
Et pour nous surprendre, tout en restant fidèle à une vraie culture du genre (comme le prouvent son remix de l’hymne dubstep « Fabrication » d’Emalkay ou sa track « Moonlight Crime » en honneur au regretté leader de The Prodigy, Keith Flint), il n’hésite alors pas à mélanger plusieurs genres et codes : bassline, garage, drum and bass, trap, hip-hop, breakbeat…
Nitepunk, nouvel album « Human » : un chef-d’oeuvre, en deux actes
Sorti le 24 mars dernier sur le label HARD Recs du géant américain Insomniac, l’album « Human » regroupe des morceaux un peu plus anciens que l’artiste avait déjà sortis ces dernières années, et plusieurs nouveautés.
Certains morceaux dans cet album sont nés il y a 6 ans. On pourrait les appeler enregistrements, ou capsules temporelles. On peut danser ou raconter, ou les deux. Il y a une excitation derrière chaque son, chaque mouvement. J’espère que vous ne sauterez pas une seconde et que vous ferez vraiment l’expérience du monde qui se trouve dans cet album.
NITEPUNK sur Son Soundcloud
Le morceau ouvrant l’album, « Grounded », démarre sur des vocaux rap/hip-hop, avec une touche un peu mélodique, voire presque majestueuse (qui n’est pas sans nous rappeler un certain Apashe). Dès le premier drop, on se prend déjà une claque. Les synthés s’étirent, les basses résonnent. L’immersion est, déjà, totale.
Après cette ouverture parfaite vers son univers, vient « Hyperdust », petit bijou trap sorti pour l’occasion, avant d’enchaîner avec «I Know That You Know », collaboration avec l’excellent et tout aussi versatile X&G.
On peut également soulever que Nitepunk a soigneusement sélectionné l’enchaînement des morceaux sur l’album. C’est toujours un plaisir de réentendre les très lourds « MTV », « Flow », «Point » avec l’icône bass house Habstrakt ; puis de découvrir les véritables pépites « Spider » ou « Too Hot To Touch ».
L’Américano-Géorgien enchaîne ensuite avec « Miracle ». Morceau à l’intro rapide, aux airs trance et faussement reposante, on reconnaît alors la patte de Nitepunk lorsque le drop arrive sans crier gare.
La deuxième partie de l’album arrive après un sympathique petit interlude intitulé « Move Ahead ». « Nephilims Drama » annonce une redescente, un crépuscule, que prolonge le très atmosphérique « Sober ». « Black & Colors », petit bijou future beats, est quant à elle la chanson la plus mélodique de l’album.
L’artiste arrive encore à nous surprendre dans un registre bien différent. Il ne manquait plus que le très contemplatif et onirique « Better Off » pour clôturer un excellent album à la cohérence plus que réussie. Outre le niveau de production des morceaux, qui crève bien évidemment le plafond.
La consécration, non sans un prix à payer
Il nous a paru opportun de vous partager quelques lignes écrites par Nitepunk lors de la sortie de son album. Il s’exprime sur sa décision de quitter la Géorgie pour se consacrer à son art, ainsi que sur son processus musical. Ces dernières feront probablement sens après écoute.
Pour quelqu’un comme moi, qui vient de loin et qui est passionné par la musique et l’art, j’ai dû travailler trois fois plus dur, briser mes croyances, mes opinions, mes goûts et les reconstruire chaque jour, endurer toute la merde qui accompagne l’immigration pendant des années, juste pour pouvoir faire ce que j’aime et laisser cela changer la réalité pour le meilleur, pour moi et pour les autres. Cela donne un sens à ma vie de me consacrer à la découverte de nouvelles voies musicales, de m’améliorer dans l’expression et de convertir mon temps et mon énergie sur cette terre en musique.
NITEPUNK sur Son soundcloud
Notre top 5
Vous l’aurez compris : on vous recommande très fortement cet album, qui a de grandes chances de figurer parmi les meilleures sorties de l’année 2023 en bass music. Nous nous sommes tout de même risqués à un petit top 5, même si tout l’album (long de 15 morceaux) vaut vraiment le détour.
5 – Miracle
4 – Too Hot To Touch
3 – Spider
2 – Grounded
1 – Black and Colors
Crédits d’image: Nitepunk, Hard Recs.